Chapitre 6 - Les erreurs à éviter
Carte de l’océan Pacifique - Hessel Gerritsz, [Amsterdam], 1622 © BnF
You’re off the edge of the map, mate. Here there be monsters.
Hector Barbossa - The Curse of the Black Pearl
Si la carte est une représentation de la réalité, d’un monde en plusieurs dimensions, sur une surface plane, c’est une représentation imparfaite…
En fait, aucune carte ne donne une vision entièrement objective de la réalité. Même le cartographe le mieux intentionné doit décider de la projection à utiliser, de l’échelle, quelle généralisation appliquer, quelles caractéristiques inclure et lesquelles exclure, le choix des symboles, quelles couleurs, quelles images… Tous ces petits arrangements pour faire rentrer une réalité complexe sur une feuille de papier (ou sur la surface d’un écran) sont autant d’écueils sur lesquels vient butter le cartographe.
La carte est le fruit d’une sélection et d’une interprétation de données qui portera la marque de son auteur, si intègre soit-il.
Pour le dire autrement, les cartes nous mentent ! Parfois intentionnellement, certaines plus que d’autres.
Non seulement le mensonge est facile avec les cartes, mais il est même essentiel.
Mark Monmonier, Comment faire mentir les cartes
Le paradoxe cartographique
Contrairement à d’autres formes de communication, comme la peinture, la sculpture ou même l’écriture, la carte est présumée être une source d’informations honnêtes et objectives, quasi mathématique et est directement ancrée dans le réelle : elle représente notre monde !
Les messages communiqués par un Guernica, en peinture, ou 1984 d’Orwell sont moins convaincants que ceux incarnés dans les cartes car sujet à l’interprétation de leur auteur. Une photo peut être trafiquée, une vidéo tronquée (encore plus aujourd’hui, à l’heure de l’intelligence artificielle) mais une carte garde une aura de fiabilité.
Et pourtant…
Une carte n’est pas comme une page imprimée qui ne contient que des mots, ambigus et astucieux, et dont le lecteur le plus croyant – même dont l’auteur – peut-être – doit laisser dans son esprit une pause pour le doute. Une carte vous dit : « Lisez-moi attentivement, suivez-moi de près, ne doutez pas de moi. »
Beryl Markham, West With the Night (1942)
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