Les variables visuelles

La sémiologie graphique (étude des signes et de leur signification) a pour but de transmettre une information correcte et d’aboutir à une image cartographique facilement accessible au lecteur.
Il s’agit d’un véritable langage destiné à faciliter la communication à l’aide d’outils graphiques appelés variables visuelles.


les variables visuelles [Bertin, 1967]

La bonne utilisation de ces variables permet de renforcer le message tout en le rendant plus lisible.

la forme


Les formes de points dans Ma carte

En sémiologie graphique, il existe une infinité de formes qui peuvent être classées en trois groupes : les formes symboliques (un pictogramme bateau pour symboliser une marina), les formes géométriques (rond, carré, triangle) et les formes conventionnelles (le i du syndicat d’initiative, la croix d’une église).

Les formes expriment relativement bien l’identité de l’objet à représenter et donc, par relation, les différences.

formes géométriques formes symboliques
formes conventionnelles combinaison géométrique / symbolique

Il est possible de combiner des formes géométriques simples avec des formes symboliques pour accentuer l’effet de similitude / différenciation. La forme géométrique va imposer une relation de similitude : toutes les représentations entourées d’un rond seront associées et différenciées par rapport à celles entourées d’un carré. La forme symbolique à l’intérieur assurera la différenciation dans cette gamme.
C’est une notion qu’on retrouve aussi dans le domaine de la circulation routière où la forme des panneaux caractérise le type de signalisation, le triangle : un danger, le rond : un ordre (interdiction, obligation), le carré : une indication.

la taille

taille des points taille des lignes

La taille s’applique principalement aux symboles ponctuels ou à la largeur des linéaires.

La variable visuelle taille permet de représenter des quantités (nombre d’habitants), un ordre (grandes, moyennes et petites agglomérations) et permet éventuellement de signaler des différences.

la couleur


Les couleurs dans Ma carte

En sémiologie, la couleur permet de différencier des entités géographiques. Elle renforce l’associativité des symboles en attribuant à chaque grand thème une couleur (tout ce qui est associé à l’hydrographie est bleu, à la végétation est verte…). De plus, elle améliore la lisibilité et l’esthétique de la carte. Ainsi, en s’appuyant sur les propriétés (teinte, saturation, luminance) et les contrastes (complémentaires, clair - obscur, couleur en soi, chaud - froid, quantité ou qualité) des couleurs, il est possible de mettre en évidence des informations de natures différentes (densités, opposition entre thèmes, thème dominant…).

Attention cependant la couleur est parfois mal perçue par certaines personnes (daltonien par exemple) qui peuvent les confondre et rendre la carte difficilement lisible.
Il existe de nombreux exemples de mauvaises combinaisons de couleurs publiés sur le web. Ainsi, des catégories encodées avec une combinaison de couleurs claires et sombres, donneront une préférence aux couleurs vives qui vont dominer l’attention du lecteur.


Les couleurs dans le module statistique

Le module statistique de Ma carte propose différentes palettes de couleurs pour vous aider à choisir la représentation appropriée. Celles-ci sont basées sur les travaux de Cynthia Brewer.

  • coloré : ce sont des palettes séquentielles à une seule valeur, elles utilisent un dégradé à partir d’une couleur de base.
  • séquentiel : les couleurs ont un ordre perçu avec une différence entre couleurs successives uniformes. Elles sont adaptées pour des données ordonnées avec une variation de valeur continue (gradient).
  • divergent : elles utilisent deux palettes séquentielles dos à dos à partir d’une couleur commune. Elles accordent la même importance aux différentes valeurs des données.
  • qualitatif : les couleurs n’ont pas d’ordre perçu. Elles sont adaptées pour représenter des données catégorielles ou nominales.

la valeur

Il s’agit de la progression continue du blanc au noir jusqu’à la saturation complète d’une teinte. Cela permet de conserver l’associativité d’un ensemble d’objets (tous les départements d’une même région dans la même couleur) tout en créant une différenciation par la valeur.

En cartographie statistique on pourra utiliser la valeur pour créer un classement ordonné (l’objet le plus clair étant considéré comme le moins important). L’utilisation de cette variable est limitée : 6 à 7 paliers différentiables selon les teintes utilisées.

l’orientation

Il s’agit de la direction du symbole par rapport aux directions de la base de la carte (bords verticaux et horizontaux du cadre). Quatre directions principales sont donc possibles : verticale, horizontale et deux obliques à 45 %, les autres orientations sont plus difficiles à distinguer. L’orientation permet de différencier les qualités des objets géographiques.

la texture (ou grain)


Les motifs dans Ma carte

La texture est définie par la forme du point élémentaire de l’image. On distinguera les textures visibles à l’œil nu des textures non visibles à une distance normale de lecture (trame). La structure représente le mode de répartition et l’orientation de ces éléments. Lorsque la texture est apparente et a une forme évocatrice (petits arbres pour une forêt, rochers ou herbes dans un marais), en cartographie, on parlera de poncif.

La texture est surtout utilisée dans les surfaces, plus rarement sur des lignes, et, lorsqu’elle est visible, va combiner des formes et des orientations entre elles. Elle est généralement périodique (se répète) mais peut aussi avoir une structure irrégulière ou aléatoire.

autres variables

Liée à l’avènement des outils informatiques, la variable dynamique offre de nouvelles façons de consulter une carte.
Ainsi le lecteur sur un écran interactif va se voir proposer d’afficher / masquer à son gré les informations proposées pour une lecture différente de la carte.
Lorsqu’il bouge ou zoom, de nouveaux phénomènes vont apparaître dans une approche exploratoire.
Elle permet également de suivre en temps réel un phénomène graphique. Dans une carte de circulation routière, on pourra ainsi visualiser un accident (point clignotant), un ralentissement (itinéraire clignotant).

La sémiologie des variables dynamique inclut le déplacement (d’un véhicule ou de l’extension d’un phénomène), le clignotement, la mutation (changement de forme de taille ou de couleur), le remplacement et fait intervenir la vitesse de l’animation.
Ceux-ci peuvent intervenir de manière permanente (un point clignote sur la carte), spontanée (une animation apparaît suite à un choix de l’utilisateur, changement de date, etc.) ou au survol par l’utilisateur.

La transparence peut également être utilisée en ce sens qu’elle va permettre de combiner / révéler la superposition de plusieurs variables entre elles.

Combiner les variables visuelles pour renforcer le message

Les variables visuelles peuvent se combiner entre elles afin de renforcer le message si la combinaison est bien contrôlée. En effet, l’utilisation de la variable valeur implique de découper une progression de valeurs de gris du blanc au noir en un certain nombre de plages. Si le nombre de plages est trop grand, la différence entre deux valeurs de gris voisines ne sera plus évidente en première lecture et il faudra lui adjoindre une autre variable pour les différencier.

De même, l’associativité sémiologique sert le cartographe.
Sur la carte IGN, des symboles de même forme (entouré d’un cercle) vont être associé à une activité et la couleur va permettre de différencier ceux associés au tourisme aquatique (en bleu : voile, canoë, piscine, etc.) de ceux associé aux activités de plein air (en magenta : camping, sport, etc.). Les refuges (gardés, non gardés, abris) bien que n’étant pas des activités mais de l’hébergement (pas dans un cercle) sont associés au plein air (magenta).

couleur + forme couleur et orientation

On note également une certaine perméabilité entre les variables couleur, teinte, saturation et valeur ou formes et orientation dans une texture (visible à l’œil).

Bien utiliser les variables visuelles

Les variables visuelles permettent de transmettre une information de :

  • différenciation : une nomenclature d’objets, de biens de production, de pays, etc.
  • similitude : une même catégorie d’objets, des fonctions similaires, etc.
  • quantité : des mesures, des proportions, etc.
  • ordre : la population, les périodes géologiques, l’ordre chronologique, etc.

Les variables visuelles vont se caractériser par leur aptitude à mettre en évidence des différences entre entités ou des similitudes, mais certaines sont plus adaptées à représenter des quantités ou des progressions ordonnées de valeurs relatives (densité par exemple).

  Différenciation Similitude Quantité Ordre
taille 🙂 😕 😀 🙂
forme 😀 😀    
couleur 😀 🙂    
orientation 🙂 😀    
valeur 🙂   😕 😀
texture 🙂 🙂