La carte dont vous êtes le héros
Comme l’artiste, le cartographe est l’intermédiaire entre le Monde réel et le lecteur.
La carte par essence raconte une histoire, elle délivre un message, c’est un instrument de communication, voire de propagande.
Ancrée dans le monde par des coordonnées, réelle ou imaginaire, elle offre au lecteur une vision rapide et graphique des phénomènes. Comme un livre, elle s’ouvre, se déplie, se lit. Mais elle s’explore aussi ; on suit une route, on découvre de nouveaux lieux, on planifie, aménage, on prépare un voyage…
A l’heure d’internet, la carte intègre un récit, des images, des vidéos, du son. Elle bouge, s’anime, devient interactive. Le lecteur n’est plus seulement lecteur, il est acteur. Puis il devient lui-même cartographe.
La carte n’est plus statique, elle est narrative.
Comme les livres du même nom, le lecteur fait partie prenante du récit qu’il construit lui-même.
Construire son récit
A l’heure du Géoweb, la mise à disposition de produits cartographiques en flux et la démocratisation des outils de dessin de cartes en ligne, l’utilisateur non cartographe dispose de moyens adaptés et conviviaux pour fabriquer sa propre carte.
Mais avant de commencer une carte, il est important de se poser quelques questions :
A qui s’adresse la carte ?
Concevoir une carte, c’est créer au final une image, un vecteur d’information qui permettra à l’utilisateur d’accéder aisément aux renseignements qui l’intéressent ou qu’on désire lui faire connaître.
Il s’agit donc de définir le besoin du client avec précision afin que le produit réponde à l’usage qu’on lui destine. Il faudra au préalable, s’attacher à dégager des principes généraux définissant un modèle de cartes qui servira ensuite de cadre à l’établissement de celle-ci.
Pensez toujours à une approche centrée utilisateur et à l’utilisabilité de votre conception.
Quel message veut-on faire passer ?
Il n’est pas encore temps de choisir tel vert ou tel rouge, mais de fixer les résultats à atteindre et en aucun cas les processus pour y parvenir.
La réponse doit être une phrase aussi courte et explicite que possible formalisant le concept.
Selon la complexité du produit à créer, on pourra détailler plus ou moins les fonctions technique ou d’usage qui le caractérise. La cartographie étant un art (au moins graphique), il faudra également dégager la fonction d’estime qu’on en attend (plaisir visuel, esthétique, maniabilité, garantie ou notoriété).
Chaque carte doit avoir ses qualités propres en rapport avec la mission qui lui est impartie.
Un produit insuffisamment élaboré ne satisfera pas l’utilisateur qui va s’en détourner.
A l’inverse un produit trop complet, allant au-delà de ses objectifs, sera moins efficace et forcément plus coûteux.
De quoi dispose-t-on ?
La carte étant vecteur d’informations, il devient nécessaire à ce stade de définir de quelles informations on dispose pour la créer, les informations géographiques ou textuelles, les couches de référence sur lesquelles s’appuyer, les sources iconographiques ou illustratives, etc.
Chacune de ses données devra être reconnue, décrite, hiérarchisée et valorisée.
Il faut déterminer le type de carte, les niveaux de lecture (sélection, généralisation), le caractère descriptif des informations (hiérarchisation), le cas échéant le nombre de cartes (ou de couches) à réaliser.
Pensez à constituer un “dossier d’expérience” pour appréhender le résultat final de l’image, recherchez parmi les travaux analogues déjà réalisés pour vous inspirer.
L’étude des documents antérieurs peut donner des idées nouvelles et éviter d’avoir à tout redécouvrir.
Dans certains cas, la réalisation d’un fragment de maquette permet d’éviter de devoir jeter à la poubelle un travail mal préparé. N’hésitez pas à charger rapidement un jeu de données (ou mieux un échantillon) pour valider son contenu visuellement et vous assurer qu’il fera l’affaire.
Rédiger
Une fois le dossier de conception suffisamment bien défini, il ne vous reste plus qu’à passer à la phase de rédaction proprement dite.
Cette phase se sépare en deux parties : la rédaction de la ou des cartes et de leur contenu (les données) et la mise en forme de l’histoire (la forme).
Si les deux sont intimement liées, elles restent néanmoins distinctes et complémentaires. Bien pensé, un même contenu peut être mis en forme de plusieurs manières différentes et raconter une nouvelle histoire ou une histoire complémentaire.
La première partie va consister à rédiger les cartes utilisées dans le récit, récupérer et symboliser les données, les répartir dans les couches, formater l’information qu’elles contiennent.
La seconde partie est la phase de narration proprement dite. Elle s’attache non plus à ce que contient la carte, mais à comment le tout est présenté à l’utilisateur et comment celui-ci va interagir avec.
Dans Ma carte, la première partie est prise en charge par l’outil d’édition de cartes, avec l’aide des outils de géocodage ou de rédaction statistique lorsque cela est nécessaire.
L’outil cartes narratives quant à lui se consacre au second volet et propose plusieurs modèles de narration.